La Grande Armée en action sur le plateau de la Moskova.
Une des plus difficiles victoires françaises.



  Cela fait déjà plus de cinq ans que Napoléon et le Tsar Alexandre Ier de Russie, réunis sur le radeau de Tilsit, se sont jurés amitié et paix éternelles. Oui mais voila, le Tsar supporte de plus en plus mal le blocus continental, et il convoite toujours la Pologne "libérée" par Napoléon. L'or anglais, comme toujours, accéléra les choses... Le 24 juin 1812, la Grande Armée, forte de 600 000 soldats (jamais autant d'hommes n'avaient été réunis dans une même campagne avant cette date), franchit le Niémen, fleuve-frontière entre la jeune Pologne et la géante Russie. Mais l'ennemi se dérobe, se replie, obligeant toujours Napoléon à s'enfoncer un peu plus dans les immenses steppes russes. Smolensk est prise, mais la tentative d'encerclement a échoué. Le 4 septembre, les éclaireurs de Murat repère les positions ennemis sur le plateau de Borodino sur la rive droite de la Kolotscha (affluent de la Moskova). Les dés sont maintenant jetés...

  Les russes, emmenés par le très populaire général Kutusov, borgne de son état et pris d'une haine incalculable pour Napoléon depuis Friedland, vont dresser un certain nombres de redoutes, flèches et tranchées en tout genre pour barrer la route de Moscou La Sainte aux français. La supériorité en nombre et en matériel confère aux russes une certaine confiance : fort de 120 000 hommes, ils sont renforcés par une puissante artillerie composé de plus de 600 pièces ; Napoléon, quant à lui, aligne 100 000 soldats pourvus de 500 pièces. Davout propose à l'Empereur d'effectuer une marche de nuit à travers la forêt d'Outitza pour tomber sur les arrières ennemis, mais ce dernier refuse, pendant qu'il a juste assez de monde pour effectuer une manoeuvre classique. Il prévoit l'attaque de Ney et de Junot sur les flèches de la Kolotscha, soit 80 000 hommes sur un front de trois kilomètres ; Poniatowski et ses fiers lanciers polonais devront contourner Kutusov pour l'enfermer au maximum, et il reviendra à Davout d'écraser le tout quand le moment sera venu. Mais la situation n'est pas si simple : en plus des formidables défenses russes, les corps d'Ostermann, de Platov, d'Udarov, de Rajevski, de Doktorov et de Pahlen seront là pour mener la vie dure à la Grande Armée...

  C'est à partir du 5 septembre que les premiers affrontements commencent : les français du 61ème régiment d'infanterie du général Compans enlèvent, avec beaucoup de difficultés, la redoute de Schwardino. Deux jours plus tard, le 7 donc, dans le courant de la nuit, les premiers coups de canons réveillent les deux armées. L'affrontement sera rude, tout le monde est sur le pied de guerre. A six heures du matin, le véritable affrontement s'engage. A gauche, les Italiens d'Eugène de Beauharnais enlèvent Borodino, mais ne peut maintenir la position très longtemps. Davout se rend maître de la redoute de Semenovskoïe, mais doit lui-aussi battre en retraite après la contre-attaque russe. Murat se présente en soutien avec deux régiments de cuirassiers et repousse l'offensive de la Garde Impériale Russe, déblaie le terrain et ouvre la voie aux corps d'armées de Ney et de Davout. A 10 heures, l'attention se porte sur la Grande Redoute, où les combats sont d'une violence inouïe : les mêlées s'engagent et la victoire reste aux français, tandis que les artilleries de chaque camps noient le plateau de la Moskova d'un déluge de feu. Le front russe risque de craquer, et Bagration, avec l'approbation de Barclay de Tolly, demande des renforts urgents à Kutusov. Celui-ci se présente personnellement sur le champs de bataille (mais quand même bien à l'abri des tirs français), ce qui donne un regain d'optimisme dans l'armée du Tsar. Ainsi la Grande Redoute retombe aux mains des russes. Ney et Davout sont attaqués furieusement par Bagration, et battent en retraite. L'Empereur lance alors ses compagnies de Wurtembourgeois menés par Marchand. Ceux-ci résistent aux charges successives et bousculent les fantassins russes. Trois heures plus tard, la situation commence à devenir critique pour les russes pourtant bien partis dans la bataille. Leur résistance s'affaiblit, et ils n'arrivent pas à enfoncer les lignes françaises ; néanmoins, ils sont toujours en possession de la Grande Redoute, qui se révèle être le point stratégique capitale de l'affrontement. Ney et Murat se concerte : une victoire éclatante est à portée de main si l'Empereur décide de faire donner la Garde. Mais Napoléon refuse de se séparer de sa dernière réserve. Il place immédiatement trois cents pièces d'artillerie pour faire tomber la Grande Redoute. Il charge Auguste Caulincourt, le frère du Grand Ecuyer de l'Empire, de renforcer cette offensive. Celui-ci s'élance avec courage, sabrant lui-même les tirailleurs russes, et enlève finalement la Redoute avant de tomber, mortellement blessé. Grouchy se porte alors en renfort, et conforte les nouvelles positions françaises. Là aussi, il faudrait des troupes fraîches pour exploiter le succès, mais l'Empereur ne veut toujours pas risquer sa dernière réserve. Cependant les russes ne veulent pas quitter le champ de bataille. Napoléon décide de les pilonner. Il prononcera cette phrase célèbre : "Puisqu'ils en veulent, dit-il au général d'artillerie Sorbier, donnez-leur en." Ce n'est pas moins de quatre cents canons qui "vomissent la mort" selon le commandant Lachouque sur les pauvres fuyards russes. A 15 heures, la bataille est finie, la victoire aura été particulièrement difficile...

  Une victoire difficile, c'est ce qui résume la bataille de la Moskova. Le carnage aura duré quatorze heures : 51 000 russes ont été tués, blessés ou faits prisonniers, mais la Grande Armée a quand même perdu 24 000 soldats. C'est la bataille la plus meurtrière de l'Empire ; notons aussi que quarante-huit généraux sont morts pendant cet affrontement, dont Montbrun, Caulincourt, Tharreau, Huard, Plausonne et Romeuf côté français, mais aussi Bagration, les deux frères Toutchkov, Rajevski, Mecklembourg et Voronzov côté russe. Malgré tout cela, cette victoire est capitale et ouvre la route de Moscou à Napoléon. Celui-ci résumera sa Moskova par cette maxime : "Jamais je ne vis briller dans mon armée autant de mérite."

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