Le 15 juin, soit trois jours avant la défaite la plus célèbre de l'Empire, Napoléon décide de se porter sur Charleroi en Belgique, pour couvrir son flanc gauche menacé par Blücher, le vieux et courageux général prussien. Son plan d'attaque est déjà établi dans sa tête : il va avancer sur le front avec trois colonnes de 50 000 hommes chacune. Mais la situation de l'armée est quelque peu déconcertante, aucun des officiers n'ont véritablement leur place : les maréchaux commandent des régiments, les généraux des bataillons, et les colonels de maigres unités. Mais il faut faire avec ce qu'on a, et Napoléon est malgré tout confiant dans son armée : après tout, si il a réussi à revenir au pouvoir, pourquoi ne gagnerait-il cette guerre ? Douze colonnes de cavaleries lourdes ouvrent la voie, mettant en déroute les garnisons d'éclaireurs ennemis. L'armée française engage même des mercenaires pour des actions de sabotage, dont la plus célèbre est l'explosion du Fort Manteux, près de Charleroi, gardé par les prussiens (il y eut 1 500 morts et blessés). Mais Napoléon sait aussi que les Alliés sont près à en finir. Le seul moyen de signer un traité et de faire reconnaître légitimement son titre est de détruire les dix armées ennemis... Une tâche très délicate ! Le 16, dans le courant de l'après-midi, la Garde tire les trois coups de canons indiquant le début de l'offensive. Napoléon envoie ses hommes enlever les forts prussiens détenus par Bülow. L'ennemi est timide et évite le combat en attendant le soutien anglais, personnifié par le terrible Duc de Wellington. La route des Quatre-Bras est à présente ouverte aux français, mais la cavalerie de Ney se fait durement accroché pendant l'affrontement, et le 14ème régiment est totalement détruit. Dans la soirée, Napoléon lance son attaque générale, mais les français piétinent toujours, contenus par les prussiens et les russes à Wavre, en Belgique...
Napoléon décide de lancer une gigantesque contre-offensive. Il fait donner la Garde impériale et met en déroute les prussiens de Hohenlohe. Le corps du général Gérard arrive en soutien pour contenir une éventuelle percée des prussiens de Blücher. C'est là tout le problème de la bataille de Waterloo : où est Blücher ? Que compte-t-il faire ? Napoléon doutera jusqu'à la fin de ses agissements. Dans la soirée, la petite victoire de Ligny donne un regain d'optimisme dans l'armée française. Le duc anglais arrive enfin sur le champ de bataille, accueilli très chaudement par les français maintenant revigorés. Il laisse 5 000 hommes sur le terrain, mais se replie en bon ordre. Wellington se réfugie aux Quatre-Bras, sorte de petit plateau dominant la vallée et le bourg de Waterloo. Napoléon, de son côté, ordonne à Grouchy, tout dernier maréchal français promu, de "poursuivre les fuyards". Le drame se noue déjà à cet instant pour les français : les deux armées deviennent plus vulnérable et n'ont plus aucune communication rapide...
Les anglais mettent en place leur attaque, directe au premier abord, mais qui a en réalité pour but de contenir l'offensive française en attendant l'arrivée de Blücher et ses troupes. L'affrontement, extrêmement violent, est mitigée, aucune des deux armées n'emportent la décision ; mais c'est sans compter sans la fougue des officiers français qui pour certains, sentant la position instable en cas de retour des Bourbons, poussent leurs hommes sans crainte de risquer leur vie. C'est pourquoi le vent tourne petit à petit, et les anglais sont à présent acculés à la défensive. Wellington joue alors ses derniers atouts stratégiques : la stratégie défensive, qui a si bien marcher en Espagne. Il repère pour cela, sur le site des Quatre-Bras une très vaste propriété paysanne sur le haut d'une colline. Il bat en retraite et s'installe avec ses hommes. Napoléon ne sait plus que faire. Ses officiers le poussent à donner l'assaut sur le plateau, mais lui pense avant tout aux prussiens qui se rapprochent. Mais où est Grouchy ?
Grouchy ? Celui-ci, comble du comble, entend le bruit de la bataille. Son corps d'armée n'a qu'une envie : aller aider les camarades fatigués. Mais le maréchal refuse, catégoriquement : Napoléon lui a ordonnée de ne pas bouger et d'attendre l'arrivée de Blücher, donc il ne bougera pas. En fait, ce dernier a joué un sale tour au pauvre Grouchy, il lui a laissé croire qu'il se maintenait lui aussi à l'écart. Le français a alors commis une erreur fondamentale qui aurait probablement changer le cours de l'Histoire...
Finalement, c'est Ney qui prend l'initiative. Il rassemble le maximum de cavaliers, lourds de préférence, et donne l'assaut contre les positions anglaises. La charge puissante, magnifique comme à Eylau, ralentit au fur et à mesure de la montée et les chevaux, épuisés, perdent de leur puissance. Les français buttent alors contre les formidables défenses de Wellington, qui met alors en place une tactique chère à ses yeux, la "stratégie du carré" : elle consiste à disposer les fantassins sur trois lignes, tirant chacune à son tour d'un feu continu et nourri. Les pauvres cavaliers sont foudroyés. Mais ils parviennent néanmoins à déstabiliser les anglais. Et Ney, infatigable, mène plus de dix fois la charge, rassemblant toutes les réserves de cavalerie. Après une heure d'assauts ininterrompus, les positions anglaises sont enfoncées et Wellington commence à ordonner la retraite. Ney demande alors des troupes supplémentaires à Napoléon pour engager la poursuite et obtenir une victoire totale. Impossible, répond l'Empereur, c'est sans compter sans les prussiens qui sont définitivement investis dans la bataille. Ney remplit son devoir, et vient défendre l'Empereur. Les français sont maintenant encerclés par Blücher et les restes de l'armée anglaise de Wellington. Il ne reste bientôt plus que la Garde. Napoléon lance ses neuf derniers régiments dans l'affrontement. Mais hélas, le capitaine du Barrail passe à l'ennemi et informe le colonel Colborne du mouvement français. Ce dernier tenta une dernière manoeuvre, enlevant bien sûr tout l'effet de surprise. Après de longs moments de bravoure et de courage, la Garde recule, ce qui indique la fin de la bataille. On prendra en considération la fameuse résistance héroïque des derniers carrés ("la Garde meurt, mais ne se rend pas"), mais le soi-disant mot de Cambronne ("M...") avec un peu plus de réserves...
A 21h30, seul un dernier carré résiste encore, refusant de se rendre pour la quatrième fois. L'étau s'est à présent totalement refermé sur la Grande Armée. C'est la fin d'un rêve qui a commencée à Toulon en 1793, et qui se termine ce soir du 18 juin de 1815 dans la plaine de Wallonie en Belgique...
Pour retourner à la page des batailles, cliquez-ici.